La tendance actuelle est bien souvent de passer d’une activité à l’autre avant même d’avoir terminé, en faisant de nous des êtres multitaches, capables de répondre au téléphone en lisant nos mails et en grignotant…
Nous sommes principalement programmés sur le mode « faire », avec des objectifs à atteindre, avec des actes automatiques qui en découlent, dans l’incapacité d’être pleinement dans l’ici et maintenant.

La méditation, quant à elle, fonctionne sur le mode « être », et nous invite face à une situation stressante, une communication conflictuelle, à répondre plutôt que réagir. Réagir, c’est un réflexe inconscient qui arrive compulsivement, sans réflexion et sans choix véritable. Répondre, c’est l’inverse, c’est faire un choix en conscience.
L’entrainement à la méditation nous permet alors de sortir de ces automatismes mentaux et comportementaux.

Un peu d’histoire…

Si aujourd’hui la pleine conscience rencontre un intérêt grandissant grâce notamment à Jon Kabat-Zin qui a initié en 1979 le programme MBSR (réduction du stress grâce à la pleine conscience), l’origine de l’enseignement de la pleine conscience remonte à plus de 2000 ans. Le bouddha historique Shakyamuni enseigna à ce sujet.
Le premier soutra de « La pleine conscience de la respiration » enseignée par le bouddha fut retrouvé en Chine dans les années 200 après J.-C. Il fut combiné au soutra Sattipathana intitulé : « Les quatre fondements de la peine conscience “, texte cette fois-ci non plus traduit et écrit en Chinois mais en pâli.
Ces deux textes sont considérés par les écoles bouddhiques comme les textes les plus essentiels sur la méditation. C’est à partir d’eux que se sont construites les bases du « Mindfulness « ou Pleine Conscience devenu par la suite un mouvement laïque.

Pourquoi la méditation de Pleine Conscience a t’elle aujourd’hui un impact si important ?

À une époque de crise majeure, aussi bien sur un plan économique qu’écologique et éthique, elle offre un chemin pour permettre à chacun de retrouver un peu de paix. Il n’est pas nécessaire pour cela d’adopter une nouvelle doctrine, il s’agit simplement de diriger de manière consciente son attention vers la réalité au lieu de chercher à la fuir. Quand de nombreux discours nous invitent à fermer les yeux, méditer nous apprend à les ouvrir.

La pleine conscience telle qu’elle est traduite du pali, ou du sanskrit « smriti » « être alerte » peut cependant générer une mécompréhension dans le sens où nous associons spontanément conscience et réflexion, conscience et exercice intellectuel, conscience et savoir, conscience et contrôle. Or la méditation n’a pas grand-chose à voir avec cette conscience séparée et abstraite telle que nous l’entendons depuis le XVIIe siècle. Car méditer n’est pas réfléchir mais sentir. C’est être présent à tout ce qui se passe.

C’est s’arrêter et observer, les yeux fermés, ce qui se passe en soi (sa propre respiration, ses sensations corporelles, le flot incessant des pensées…), et autour de soi, (sons, odeur…) Seulement observer sans juger, sans attendre quoi que ce soit, sans rien empêcher d’arriver à son esprit, mais aussi sans s’accrocher à ce qui passe. C’est tout.
De plus, elle ne nécessite aucune aptitude particulière, elle est accessible à tous sans distinction ni d’origine, ni de religion.

Qu’est-ce que la Pleine Conscience?

La pleine conscience est la qualité de conscience qui émerge lorsqu’on tourne intentionnellement son esprit vers le moment présent. C’est l’attention portée à l’expérience vécue et éprouvée, sans filtre, on accepte ce qui vient, sans jugement on ne décide pas si c’est bien ou mal, désirable ; sans attente, on ne cherche pas quelque chose de précis.

La pleine conscience peut-être décomposée en trois attitudes fondamentales:
La première est une ouverture maximale du champ attentionné, portant sur l’ensemble de l’expérience personnelle de l’instant, autrement dit tout ce qui est présent à l’esprit minute après minute :perceptions du rythme respiratoire, des sensations corporelles, de ce que l’on voit et entend, de l’état émotionnel, des pensées qui vont et viennent.
– La seconde attitude fondamentale est un désengagement des tendances à juger, à contrôler ou à orienter cette expérience de l’instant présent.
– Enfin la pleine conscience est une conscience « non élaborative » dans laquelle on ne cherche pas à analyser ou à mettre en mots, mais plutôt à observer et à éprouver.

Actuellement la pleine conscience est l’objectif de nombreuses démarches psychothérapeutiques récentes.

Voilà au moins 2000 ans que la méditation est inscrite au cœur de la philosophie bouddhiste. Et à peu près autant d’années que le mot existe dans l’Occident chrétien mais avec un sens différent : chez nous, la méditation suggère une longue et profonde réflexion, un mode de pensée exigeant et attentif. Cette démarche que l’on pourrait dire analytique, réflexive, existe également dans la tradition bouddhiste.

Mais il y en a aussi une seconde, plus contemplative: observer simplement ce qui est. La première est une action, même s’il s’agit d’une action mentale, réfléchir sans déformer, la seconde est une simple présence, mais éveillée et affûtée, ressentir sans intervenir.

C’est elle dont les vertus soignantes intéresse le monde de la psychothérapie et des neurosciences depuis quelques années.

Les fausses idées sur la Pleine Conscience…

Parmi les confusions ou les amalgames qui peuvent être faits, il y a la confusion entre la méditation et la relaxation par exemple.
La méditation de pleine conscience se distingue de la relaxation en cela qu’on ne cherche pas à éviter de ressentir des émotions douloureuses ou à les masquer dans la démarche méditative, mais au contraire on cherche à les accepter sans les amplifier.

Car il semblerait que beaucoup de nos difficultés psychiques proviennent de stratégies inadaptées, fondées notamment sur le désir d’éradiquer la douleur par le refus ou l’évitement. Aussi paradoxal que cela paraisse, renoncer à ces stratégies permet souvent d’atténuer la souffrance plus vite et surtout plus durablement. Tel que le disait Nietzsche « la pire maladie des hommes provient de la façon dont ils ont combattu leurs maux ».

De même, contrairement aux idées reçues, la méditation ne consiste pas à faire le vide dans sa tête. Elle ne consiste pas à faire taire le bavardage de l’esprit mais plutôt à ne pas se laisser entraîner par lui, en l’observant au lieu de s’y identifier. Ce n’est donc pas une absence de pensées, mais une absence d’engagement dans les pensées.

De plus, la pratique de la méditation est un entraînement de l’esprit qui demande une régularité et un engagement. Une séance occasionnelle ne peut apporter de grands bienfaits… (Comme dans le sport).

Méditer, ce n’est pas non plus, rêver ou planer, se mettre dans sa bulle en dehors de toute réalité, mais au contraire c’est être en union avec tout ce qui nous entoure.

La pratique de la pleine conscience est une discipline qui a été laïcisée, nul besoin d’être d’une obédience religieuse particulière.